Le gîte du passant

~Un petit endroit paisible à l'orée d'une petite rivière. L'abri s'est formé au cours des ans par la végétation environnante. De hauts arbres, disposés en cercle, forme une petite hutte naturelle qui abrite autant du vent, de l'humidité, que des intempéris. Il y a aussi plusieurs petits arbustes fruitiers à courtes distances, permettant aux habitants temporaires de se nourrir. La petite rivière est abondante en poisson et d'eau fraîche.~

Aran se promenait beaucoup depuis qu'il avait rencontré des gens comme lui. Il commençait tout juste à comprendre le réel fonctionnement de ses transformations. Il ne pouvait que se transformer en loup et en sa forme humaine qu'il pouvait accomplir aisément. Le polymorphe était arrivé à cet endroit protecteur quelques jours plus tôt et il s'y sentait plutôt bien. Il chassait parfois en loup, sinon avec une lance de bois qu'il trouvait par-ci par-là. Il s'ennuyait un peu d'eux, mais il savait qu'ils les reverraient bientôt. Quelque chose le faisait penser ainsi. Étant donné l'abondance de l'endroit, Aran avait beaucoup de temps pour réfléchir et méditer. Il se questionnait beaucoup sur la raison de son existence, de sa présence sur la terre.

"Phhhh.... Pourquoi suis-je ici? Que dois-je faire... ou ne pas faire. Je mange, je bois, je peux marcher et sauter. Grimper aux arbres et regarder le ciel, mais j'ignore encore ma raison d'être... Suis-je ici par erreur? Tant de questions auxquelles je n'ai point de réponse. Ah oui... Je parle et je pense aussi. Comment se fait-il que nous puissions tous nous comprendre, mes frères et soeurs? Je crois que je fais trop de... philosophie. Oui, c'est sa. Le mot s'appelle Philosophie. Science qui sert pas à grand chose..."

Aran s'éloigna de l'arbre où il était assis pour se rendre à la rivière. Il s'y accroupit afin d'y boire quelques goulées. Il se regarda ensuite dans l'eau, essayant encore une fois de modifier ses traits à son vouloir. Rien à faire. C'est encore le loup qui revient.

"Gyahh! Pourquoi je ne réussis pas! Je sais que je peux le faire..."

Aran se leva d'un bond et se rendit, pestant contre lui-même, jusqu'à un arbre spécifique. Cet arbre était au centre du gîte formé par les arbres. Il était au moins deux ou trois fois plus gros que les autres et son feuillage était d'un vert intense, où des reflets dorés ou argentés apparaissaient parfois. Il grimpa alors dans l'arbre, de deux bonds agiles, et s'étendit au creux d'une large branche. Sans même y penser, une épaisse fourrure blanche lui couvrit le corps, afin qu'il put se réchauffer.

Tout un univers reignait sur l'endroit. Quiconque y passait était frapper de questions existencielles. Personne n'y échappait, même pas cet elfe qui approchait. Odrion marchait beaucoup, car il voulait découvrir les limites de ce monde sans pour autant s'égarer. Il voulait connaîtrer les terres pour pouvoir aller d'un endroit à un autre sans se perdre. Mais le voilà qui était maintenant seul. Un petit groupe l'avait suivit, mais ils s'étaient séparés en chemin pour plus d'étandue. Il voyait les arbres et le ciel qui se présentaient à lui, sentait l'humidité qui logeait la place, resentait les feuilles, la terre, le froid et entendait les cris de la nature, mais il n'était pas vraiment là, il pensait.

Il était fier de ce qu'il avait franchi et de tout ce qu'il avait pu accomplir, mais un questionnement revenait sans cesse: Pourquoi lui et du même coup tous ses compagnons avaient-ils vu le jour? Quel rôle devaient-ils jouer dans cette nature qui les avait vu naître? Un peu comme la plante araignée dont le bébé descend et descend jusqu'à atteindre un sol fertile où il pourra se développer à son tour en se détachant de sa branche maternel, il pourra tout de même se reconnaître sa nature dans celle de sa mère. Odrion se demandait qu'était cette nature de laquelle il pourrait se reconnaître. Rien ni aucun de ses compagnons ne pouvait être la source du fruit qu'il était. Au contraire, les autres elfes n'étaient pas plus avancé que lui. Il se sentait bientôt un peu seul. Il avait l'impression d'être le seul à penser ainsi, le seul qui cherchait la raison de son existence ou ce à quoi il pouvait se comparer.

Mais il s'était un peu trop perdu dans ses pensées. Quiconque est perdu mentalement ne peut pas se retrouver dans la nature. Il était perdu, dans la forêt, sans personne, sans moyen. Mais cela n'était pas grave, il n'était pas dépendant de leur communauté. Il était né seul et avait de bons moments seul avant de rencontrer les autres elfes. Il avait connu la nature bien avant tout, ce n'était tout simplement qu'un autre endroit non exploré. Mais son instinct lui faisait sentir que c'était endroit était étrange, ou plutôt se trouvait dans cette place quelque chose inconnu, quelque chose qu'il n'avait encore jamais vu. Il se prit quand même à explorer. Au début, il ne voyait que des arbres, mais il sentait qu'il s'approchait. Si bien qu'il grimpa aux arbres qui étaient assez nombreux et rapprochés pour qu'il puisse parcourir la forêt dans les hauteurs.

Soudain, il vit quelque chose au travers du dense feuillage. Un être était étendu sur une branche sans trop bougé. En s'approchant encore un peu, il trouva que l'être n'était pas beaucoup particulier des autres elfes qu'il connaîssait, il se sentit donc soulager de découvrir un autre elfe et non l'inconnu. Il l'approchait maintenant sans peur, mais il s'était trompé. Par chance qu'il avait une bonne vision, car il put découvrir que l'être n'était pas totalement de même nature tout en restant à l'abri assez loin encore de l'autre. Ce dernier ne portait pas les mêmes caractères physiques que les autres elfes. Il était plus petit, plus bâti, plus carré, les oreilles plus rondes.

(Qu'est-il pour être aussi semblable mais aussi différent de moi?)

Il approcha tranquillement et en silence pour en savoir plus sur ce nouvelle être.

Aran regardait le temps passé, comme on dit. Il regardait passé les nuages. Le feuillage des arbres se balançait au gré du vent et un imperceptible mouvement attira son regard. Il fixa un arbre et crut y voir une forme mouvante. En se concentrant pour voir plus loin, son corps, instinctivement, modifia la conformation de ses yeux en ceux des oiseaux de proie. Heureux d'y voir plus clair, Aran put distinguer quelques traits particuliers de l'individu. Des oreilles pointues, des cheveux clairs et une peau claire. Il se rendit compte que cet être lui ressemblait étrangement, mais tout en étant très différent des êtres de son espèce. Polymorphe. En se levant sur sa branche, son apparence revint à la normal.

"Holà, l'ami. Tu peux t'approcher, je ne te mangerai pas. Est-ce que tu me comprends lorsque je parle?"

Aran descendit de son arbre en trois bonds, histoire de descendre sans embûche. Il s'approcha de sa couche et amassa quelques branches qui trainaient à côté de lui. Il partit un feu et fit signe à l'autre homme de descendre.

Odrion fut très surpris, et pour plusieurs raisons. Sur le coup, il se cacha contre l'arbre et même y grimpa pour atteindre une branche supérieur. Comment l'autre avait-il put le voir avec la distance qu'il avait? Nulle autre espèce que lui ne possédait une telle vision. Même le félin faillirait à une telle tâche. Jamais il n'aurait pu l'entendre non plus, il était moins bruyant que le vent. Comment? Mais aussi, ce qui le soulagea en le surprenant aussi, c'était que l'autre être parlait un langage qu'il comprenait. Pourquoi? Pourquoi n'étaient pas ils les seuls à parler un même langage? Il se demandait combien ils pouvaient encore être à parler le même langage.

Mais tout de même, rien de mauvais n'était ressenti. Lorsqu'il se retourna pour regarder à nouveau en direction de l'autre, il ne le voyait plus à l'endroit qu'il était. Aussitôt, il entendit des craquements et des crépitements au raz-la-forêt. Il découvrit alors que l'autre avait parti un feu. Il fut pris d'une élan de panique. Il sauta tout le long du tron de l'arbre où il était. La descente lui fit prendre une vitesse folle. Odrion ne s'en faisait pas pour ça, il était assez agile pour contrôler cette vitesse, mais ce qui sembla être, c'était qu'il avait dévalé l'arbre en courant sur le tron, horizontalement. Arrivé au sol et continuant à la même vitesse, il se retourna verticalement et direction de l'embryon de feu allumé. À son passage près du feu, ce dernier s'éparpilla dans la même direction qu'Odrion. Il avait passé son pied dedans pour l'éteindre. La braise et les bouts de bois chauds ne pouvaient plus rien consommer, donc ils s'éteignirent. Puis, Odrion s'arrêta brusquement, se retourna en direction de l'autre.

C'était maintenant évident que l'être était plus petit, les traits beaucoup plus rudes que les siens, mais Odrion ne pensait pas encore trop à ça.

"Vous êtes fou! partir un feu comme ça en plein milieu de nulle part, dans la forêt. Vous allez endommager la nature si vous ne vous y prennez pas de la bonne manière."

Le coeur d'Odrion battait à son rythme, il était un peu pompé. Par contre, une fois qu'il eut pris une respiration, il s'en voulut d'avoir fait de leur premier contact ce qui était maintenant. Il dévisagea sans le vouloir l'homme devant lui. Des millions de questions lui parcoururent la tête au même instant.

(D'où vient-il? Est-il comme moi? Est-il mieux que moi? Où a-t-il appris à parler? à faire des feux? Est-il seul? Est-il fiable? Est-il mélangé? pourquoi m'a-t-il vu de si loin? pourquoi est-il petit et carré? Quel genre de civisme possède-t-il? A-t-il vraiment le même langage que moi?)

Mais une seule seulement fut possible à poser.

"Qui êtes-vous?"

La vitesse avec laquelle l'elfe le rejoingnit le stupéfia. Mais ce qui l'abasourdit surtout, c'est sa réaction. Aran ne comprenait absolument pas les raisons qui poussait l'elfe à agir de la sorte. Lorsqu'il prit le temps de le regarder, Aran vit son petit air hautain qu'il n'apprécia pas du tout. Aran se releva d'un bond et lui fit face.

"Comment osez-vous détruire l'acceuil qu'on vous réserve et demandez ainsi le nom de quelqu'un sans même vous présenter d'abord! J'ignore ce que vous êtes, mais je regrette déjà de vous avoir inviter à me rejoindre. Si cela vous dérange tellement que les autres puissent se réchauffer et se faire quelque chose à manger, alors aller ailleurs. Comme on dit «Si cela vous déplaît, n'en dégouttez pas les autres!»."

Aran se retourna et grimpa à nouveau à son arbre, se nichant sur sa branche préférée, dévisageant l'elfe qui était resté au sol.


[Ici, petit clin d'oeil à Comte-Sponville]

D'un sens Odrion s'en voulait, mais il ne pouvait se résigner à dire que l'autre avait raison sur ce point. Alors il conserva son sang froid. Il regarda un peu le sol, observa les débris qu'il avait éparpillé et découvrit un petit creux où le feu pourrait se faire sans danger. Il entreprit donc de reréunir les bouts de bois tout en parlant à l'autre.

"Voyons, tout le monde sait qu'il est dangereux de faire un feu si on n'a pas d'abord vérifier que la place était adéquate. Regardez, l'endroit que vous aviez choisit était en plein sur une racine et plein de feuillage sec. Ceci aurait pu causé de graves dégats. La nature est forte, mais nous nous devons tous de ne pas la détruire. Elle est fort si nous lui laissons la chance d'être forte et sans elle, nous ne pourrions jamais survivre. Jamais nous devons lui être défavorable."

Odrion achevait de réunir le brasier. Par chance, un bout de bois n'avait pas eu le temps de s'éteindre complètement. Il s'en servit pour rallumer le feu qui reprit de peine et de misère. Mais Odrion connaissait certaines feuilles qui brulaient très bien qu'il trouva dans le coin.

"Allons donc! vous pouvez descendre, je ne mords pas, et j'en espère autant de vous!"

Le feu commençait à illuminer l'endroit. D'autant plus que le crépuscule approchait, le ciel s'assombrissait peu à peu. Odrion reprit la parole sans attendre que l'autre descendre.

"Alors, si vous n'êtes pas des miens, des quels genres d'espèces êtes vous, sans vouloir vous offusquer"

Aran boudait toujours lorsque l'elfe entreprit de reformer le feu. Il ne bougea pas non plus lorsqu'il l'invita la première fois. Un gros courant d'air froid vint lui fouetter le visage et un immense frisson lui parcourut le corps. D'instinct, la fourrure du loup blanc revint vêtir son corps menu. La douce lueur du feu produisait sur lui un effet légèrement hypnotique qui l'attirait bien malgré lui en bas. C'était l'instinct. Aran, bien malgré lui, entreprit de descendre son arbre pour s'approcher du feu.

"Je suis ce qu'on appelle un polymorphe. Mais je suis pas une espèce animale, je suis une race au-dessus des animaux. Pour ce qui est de votre personne, vous ne vous êtes toujours pas présenté. On ne vous a jamais appris que l'on se présente avant de questionner les autres? C'est très impoli..."

Ne voyant aucun danger pour le moment, Aran s'accroupit au sol, la fourrure de son corps brillant étonnamment à la lueur du feu.

"Vous avez de quoi manger?"

Odrion n'aimait pas trop la manière que l'individu, le "polymorphe, s'adresse à lui. Il n'avait pas à lui faire la moral, encore plus lui dire quoi faire. Par contre, il ne put caché sa curiosité lorsqu'il vit le pelage blanc de l'être alors qu'il descendait de l'arbre. Il crut même que ce n'était pas le même individu, mais il reconnu sa voie.

"Dans le lieu d'où je viens, on apprend d'abord à qui nous avons affaire avant de dévoiler quoi que ce soit de nous même."

Ce qui n'était pas totalement vrai, mais Odrion ne pouvait admettre son tort. Il continua avec un peu de fierté dans la voie, avec un ton dégagé.

"Je m'appelle Odrion, je dirige les elfes. Nous portons ce nom à cause de notre agileté et nos sens aiguisés."

À la question s'il avait de quoi manger, Odrion eut un léger regard de billais en direction de son sac à main. Il contenait un certain pain sans goût particulier, un pain elfique.

"À vrai dire, je n'ai pas grand chose. Nous les elfes ne mangeons pas beaucoup, nous n'avons pas besoin de beaucoup manger. La nature nous a fait moins dépendant que les autres."

À ces mots, il eut une déviation de la tête pour ne pas que l'autre se sente visé. Il eut alors l'idée d'une tactique.

(quoi de mieux que de chasser ensemble pour en apprendre plus sur lui?)

"Mais s'il vous dit de chasser, nous pourrions tenter notre chance ensemble."

La patience et l'indulgence d'Aran commençait aussi à faiblir. L'arrogance et l'égocentrisme de l'elfe commençait sincèrement à l'énerver. Au moins, il connaissait maintenant son nom.

*Il s'appelle donc Odrion, hein? Le dirigeant des elfes. Un elfe. Bizarre, première fois que j'entends parler de cela.*

L'invitation à la chasse intéressa particulièrement Aran. Il n'avait pas chassé souvent depuis qu'il était arrivé ici, mais il était très doué. Il se tourna tranquillement vers son interlocuteur, le miroitement des flammes se réfléchissant sur son visage.

"Il me fera un plaisir d'accompagner Votre Altesse Royale, qui me fait une joie et un honneur incomparable en ce bas monde. Il sera absolument intéressant d'être instruit de votre Sagesse et de votre Valeur à la chasse, comme Pisteur et Chasseur. Vous me voyez fort aise d'accepter votre munificente offre."

Aran se leva et s'inclina bien bas.

"Aran Silverwolf, le Seigneur des Polymorphes."

Aran se releva et regarda l'elfe encore assis. Le polymorphe arborait un petit sourire légèrement heureux et attendait maintenant la réaction de l'elfe.

*Je me demande bien comment cet elfe pourra bien chasser. Il ne porte ni griffes ni crocs de vraiment acérés pour déchiqueter un animal...*

L'individu devant lui n'était pas de bonne foi. Odrion n'apprécia vraiment pas le ton qu'il eut pris. Il en pouvait maintenant contenir la méfiance qu'il éprouvait. Il sentait que le polymorphe n'était pas sincère du tout dans ces paroles. Il se moquait de lui et Odrion n'aimait pas du tout. Il regarda l'autre faire sa mascarade jusqu'au bout. Se disant que peut-être il rectifirait ses actions en lui disant que c'était une plaisanterie. C'est alors qu'il apprit qu'il avait affaire à un autre supérieur dans son espèce.

(Ça alors!) se dit-il simplement.

Il contint sa frustration et agit calmement, avec diplomatie. Il devait faire preuve de bon sens, car le polymorphe ne voyait dans sa personne qu'un autre. Il se leva donc tranquillement en gardant les yeux sur le feu. Une fois debout, il prit la parole, mais d'un ton engagé cette fois.

"Vous savez, je ne suis pas avec vous pour me faire un ennemi, ni pour me faire un allié. Vous avez votre monde et j'ai le mien, mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas nous accorder et nous respecter. Si par contre, nous nous croisons dans un tel endroit pour qu'on se cherche mutuellement, rien de bon n'en aboutira et nous aurions mieux fait de ne jamais nous croiser. Le monde est vaste et nous pouvons faire de solide frontière entre nous ou bien simplement connaître l'existence de l'autre sans la mépriser. Qui nous dit que nous ne sommes pas fait pour être ainsi? Qui entre vous et moi peut dire la cause de notre existence?"

Il ne bougeait toujours pas et avait encore les yeux rivés sur le feu. Ces dernières phrases lui avaient rappelé un questionnement qu'il s'était déjà posé. Il parlait sincèrement et calmement.

"Je suis fier de mon être et vous devez l'être aussi du votre. Pourquoi se disputer sur ce point?"

Odrion s'était maintenant retourné en s'éloignant du feu. En faisant quelques mètres dans la forêt, il trouva ce qu'il cherchait: Une branche d'arbre fraichement morte. Elle lui arrivait environ au deux tiers du corps et était juste un peu plus grosse que pour y fermer la main entièrement. Il revint avec celle-ci en sortant un petit couteau fait d'une pierre du fond de son petit sac. Une fois près du feu, il commença à aiguiser son arme tout en parlant. Chaque copeau de bois sec créait une flame forte et instantannée et vu le rythme régulier des coups du baton, il sembla exister une musique harmonieuse, autant sonore qu'insonore, entre le mouvement du bras d'Odrion, le bruit de la coupe, le crépitement du feu et la lumière qui en était émise.

"On a le choix. On peut Rivaliser et ainsi tenter de dominer l'autre, on peut Compétitionner en reconnaissant l'autre ou bien Coopérer en s'aidant m u t u e l l e m e n t. Personnellement, le premier est mon dernier choix. Et vous?"

dit-il finalement en soufflant sur le bout de son arme en vérifiant l'aiguisage de celle-ci. Il reprit alors son mouvement. Le bâton commençait à s'effiler, mais il ne semblait pas s'effiler en pointu, le bout restait carré. Puis, Odrion avait entrepri de couper dans la pointe en plein milieu de celle-ci, dans le sens long du bâton. Cela semlait une technique farfelu et il semblait plus jouer avec le bâton que l'aiguiser. Puis de cette même manière, il croisa dans un autre axe une autre ligne de coupure. Ça faisait un «+» au bout du bâton. Il continua à creuser dans le bout, si bien que bientôt, quatre pointes encore carré ressortirent. C'était un arme qu'Odrion aimait bien se faire, mais on ne pouvait comprendre sa fabriquation que près du résultat final.

La réaction de l'elfe surprit légèrement le polymorphe. Il s'attendait à une réplique de chien battue, son orgueuil étant touché par les petites paroles du polymorphe, mais ce fut tout le contraire. Il réagit avec diplomatie, laissant son égo de côté pour essayer de corriger les choses.

"Tu es bizarre, toi, l'elfe. On s'attend à une façon d'agir lorsqu'on rencontre quelqu'un qu'on ne connaît pas et vous ne respectez pas le 'protocole', mais aussitôt qu'on vous taquine légèrement et qu'on croit que votre égo en a pris un coup, vous réagissez modestement... Je me demande bien si je vous comprendrez un jour..."

Aran s'éloigna du feu jusqu'au petit cours d'eau. Odrion continuait toujours de jouer avec son petit bout de bois, alors que lui buvait quelques gorgées d'eau froide dans le courant glacé. En se relevant, il regarda l'elfe travailler un moment avant de remonter la petite pente jusqu'au feu de camp.

"Très bien. Pour ce soir, allons-y avec la deuxième option, soit de compétitionner. Celui qui ramène la plus belle bête sera consacré meilleur chasseur. Nous mangerons ensuite et demain, nous essaierons la dernière option. Quant dites-vous?"

En attendant que l'elfe soit prêt, Aran se rassit au sol, en profitant bien de la chaleur du feu.

[Voilà mon poste, désolé pour le délai. Légèrement occupé, comme tu as pu t'en douter. À ce soir à l'Aiki!]

Odrion ne fut pas surpris d'avoir surpris Aran, car il savait lui même qu'il avait changer de «tactique». Son but n'était jamais de se faire des ennemis et lorsqu'il sentait qu'on se moquait de lui, il faisait preuve de bon sens pour faire parraître sa valeur. Car sinon, il ne valait pas la peine qu'il soit reconnu d'un être qu'il ne reconnaîssait pas lui-même. De cette manière, il démontrait la qualité de son être en plus d'éviter les ennuis. D'un ton un peu pressé mais toujours calme, il chercha tout de même à s'expliquer devant l'autre qui ne balançait plus.

"J'en dis premièrement que vous cherchiez à me provoquer et comme il ne vaut pas la peine de faire la guerre, je fais la paix. Cela prouve que je suis un être qui sait se contrôler, voilà tout. Je ne suis grand qu'à ceux qu'il est besoin de le voir...."

un petit silence s'installa, cette dernière phrase avait un sous-entendu subtil pas très gentil. Odrion ne laissa pas perdurer ce silence trop longtemps pour ne pas laisser le temps au polymorphe d'y comprendre la tournure mauvaise. En souriant, il lança aussitôt une petit farce.

"Évidemment, vous n'avez pas le droit de me chasser moi, même si je suis la plus belle créature des environs."

Il avait le regard sur Aran qui avait monter les yeux sur lui. Il affichait bien son sourire et se mit même à rire quelque peu de voir sa réaction. En disant aussitôt :

"Je rigole bien sûr! mais quand même, pas de coup bas!!"

Odrion commençait à penser à une proie, aux places qu'il pourrait chasser. Pour l'instant ne savait guère. Il achevait bientôt son arme, qu'il faisait par principe de chasse. Maintenant, quatres pointes arrondies logeaient le bout du bâton. Chaque pointe faisait la longueur de sa tête. Il avait même commencer à marquer le bâton pour de la grippe. L'avantage de cette arme était qu'elle persait à plusieurs endroits et que la bête tombait plus rapidement au bout de son sang. Car Odrion savait comment vivent les animaux, mais donc aussi comment ils meurent.

Il dit en pensant à voit haute, en faisant les dernières coupes de son bâton et alors qu'il voyait s'amorcer le crépuscule:

"Disons ceci, Rendez-vous ici même lorsque le soleil disparaîtra."

L'instant d'après, Odrion accotait le bâton au sol en serrant son couteau.

[Fait attention, tu as oublié tes italiques! Avertissement jaune :P]

Aran écouta à peine ce que répondit l'elfe. Ils partaient en chasse, c'est tout ce qui comptait.

"D'accord. Ici, avant le crépuscule."

La chasse ayant commencé, Aran se concentra sur lui-même. Tranquillement, on pouvait voir ses traits changés. Il se courbait vers l'avant, son corps se couvrait rapidement de fourrures, un poils argenté par ses reflets, mais d'un blanc pur sans soleil. Ses mains et ses pieds se transformèrent bientôt en pattes avec des griffes acérés et tout son visage se transforma en celui d'un loup. Sa mâchoire se déforma et de nombreuses dents apparurent toujours plus acérées les unes que les autres. Ses yeux avaient gardé la même couleur verte que ses yeux humains. De même, sa fourrure représentait l'énorme écharpe qu'il gardait toujours avec lui.

Afin de pouvoir parler à l'elfe, Aran modifia légèrement les cordes vocales de sa forme animale, exercice très pénible.

"À tout à l'heure."

Aran n'attendit même pas sa réponse et partit comme une flèche. Ses cordes vocales redevinrent ceux du loup et il laissa son hurlement remplir l'atmosphère paisible de la forêt. Il entendit, sans même le voir, un mammifère s'enfuir devant sa course effrenée. Mais Aran ne s'arrêta pas. L'impression d'ivresse qu'il ressentait à chaque fois qu'il se transformait le transportait si loin, à une telle vitesse et avec une telle force qu'il se sentait à chaque fois invincible. Après une course effrenée et longue, il s'arrêta sur le bord d'un cours d'eau au débit très lent et but goulûment.

*Ahh... C'est rafraîchissant et revigorant. Maintenant que je me suis assez amusé, peut-être pourrais-je commencé à chasser. Après tout, je me dois de gagner et de montrer ma supériorité à cet elfe prétentieux et égoïste.*

Reprenant sa course dans le sens d'où il venait, Aran progressait cette fois-ci beaucoup plus lentement et précautionneusement que lors de sa venue. Il humait l'air, la terre et les arbres à la recherche d'animaux susceptibles de remporter leur petit concours et poursuivit son chemin.

Après un bon moment, Aran repéra sur le sol des traces d'un grand mammifère qui avait passé par là récemment. Il n'eut qu'à inspirer légèrement pour savoir exactement dans quelle direction il était parti.

*Je crois bien que si je le capture, je gagnerai nécessairement. Ce sera pas une mince affaire le ramener, mais je m'arrangerai.*

Aran progressait maintenant pattes à pattes, tâchant de faire le moins de bruit possible. Il le sentait tout près et lorsqu'il sortit du buisson, il le vit. Il était énorme! On aurait dit un cerf de Virginie, mais avec les dimensions d'un ours. C'était effrayant à voir et Aran ne fut pas sûr s'il réussirait à vaincre ce monstre. Prenant son courage à quatre pattes, il bondit, tel un tigre fondant sur sa proie. Il enfonça aussi profondémment que possible ses griffes dans son dos et de sa puissante mâchoire, il mordit le cou de la bête. Un rugissement effroyable ébranla toute la forêt et d'un simple coup d'épaule, Aran virevolta dans les airs avant de s'écraser au sol, une vingtaine de mètres plus loin. Une douleur lancinante vint lui déchirer le flanc gauche qui le maintint au sol.

"Grrrrrr....RRrrr..." *Il m'a salement eu... On aurait même dit que les griffes et mes crocs ne lui ont rien fait... C'est une vraie armure ambulante ce monstre....*

Aran souffrait visiblement. Il avait du mal à se remettre sur ses quatre pattes et encore moins de chance de poursuivre un combat qui semblait bien perdu d'avance.

*Si seulement je savais comment je pourrais le vaincre...*

C'est alors qu'il vit la bête se relever, se mettant sur ses pattes arrières et qui fouettait de ses sabots de devant l'air glaciale du moment. En retombant sur ses pattes, le sol trembla. L'animal s'élança alors sur Aran.

[Voilà pour ce premier poste. Si je vois que tu ne postes pas d'ici quelques jours, je continuerai mon combat contre ce monstre. Sinon, on se voit ce soir à l'Aiki. Essaie d'arriver vraiment tôt, que je te montre un peu ce qu'on a vu au dernier cours.]

Lorsqu'Aran se transforma en loup, Odrion en fut bien surpris et cru aussitôt à de la magie. Un sorcier, voilà ce qu'Odrion pensait qu'était un polymorphe. De la magie obscure et puissante, mais l'individu ne semblait pas d'autant obscur, il semblait plutôt neutre. Mais c'est ainsi que sont fait les pires méchants: ils parraîssent toujours si bien à première vue. Enfin, il garda le silence pendant qu'Aran se transformait et à ses mots, Odrion ne fit que murmurer un "ouais" avant de partir à la course dans une autre direction. Il pensait trouver près de la rivière des traces de quelconque animal, car tous les animaux doivent boire et donc le cour d'eau devait inévitablement accueillir plusieurs buveurs.

Odrion focalise très bien et ne se laisse pas déranger par grand chose. Quand qu'il veut faire quelque chose, il s'affaire à le faire. Il est sur ce point assez simple. Mais, il n'est pas pour autant pressé de le faire, pourvu que ça soit bien fait et qu'on n'oublie rien. Alors, lorsqu'il fut arrivé près du ruisseau, il décida une direction et partir en semi-course.

Il découvrit sur son chemin la flore de l'endroit et un peu de sa faune. Lorsqu'il voyait des empreintes dans la rocaille, il s'arrêtait pour l'examiner, regardait l'endroit vers lequel elles partaient et se résonnait toujours ainsi:

*Je dois trouver une créature encore plus grosse.*
*Ça ne semble pas un animal assez fabuleux.*
*Celle là ne sera pas une proie assez facile.*
*Je ne pourrai jamais gagner avec ça.*
*Franchement, ce n'est pas digne de moi ça.*

Il continua ainsi pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'il trouve des traces de sabots aussi grosses que sa tête. Il ne se serait jamais douter qu'une telle créature pouvait exister. Il ne pouvait donc pas laisser cette chance passer. Il examina les traces avec précautions. Il devait non seulement trouver la direction vers laquelle elles dirigeaient, mais aussi leur ancienneté, c'est-à-dire, depuis combien de temps elles ont été faites, puis à quel genre d'animal il allait faire la chasse, puis quelle envergure il avait et aussi s'il possédait des points faibles; une plaie ou une brisure quelque part. Mais pendant qu'il examinait, son esprit s'excitait:

*Jamais un loup, voire dix ne pourrait vaincre une telle créature, mais la ruse.. La ruse que JE possède peut en venir à bout. J'ai donc la chance sur mon côté.*

Lorsqu'il se releva, il en savait beaucoup, même si ses évaluations ne pouvaient être qu'approximatives. L'animal était du genre des orignaux qu'il trouvait dans ses territoires ou même du genre des cerfs. Il n'avait pas de blessures malheureusement et était très très volumineux, mais cela comportait des avantages pour la chasse: L'animal est lent et fait beaucoup de traces; puis il était venu boire de l'eau il y a un bon moment déjà, voire bien avant qu'Odrion et Aran ne se rencontre, il avait donc un bout de chemin à faire surtout si le quadrupède ne s'était pas arrêté de trotter depuis.

Alors, Odrion se mit à le retracer à la course dans la forêt. Les empreintes étaient tellement grosses que même si le sol avait commencé à reprendre sa forme et même si Odrion avait monté dans les arbres, elles restaient visibles. Pour monter, Odrion ne s'était pas arrêté pour grimper à un arbre, pas de temps à perdre, le temps file, au contraire, il avait conservé la même vitesse et en une dizaine de sauts et pirouettes, il s'était retrouvé à environ 5 mètres dans les airs. Odrion préférait les branches au sol. Elles lui assuraient une meilleure possibilité de mouvements pour autant de vitesse. Ses grandes jambes et son agilité lui assuraient cette meilleure course malgré les branches et les feuilles.

Odrion continuait à regarder au sol pour suivre les traces que l'énorme animal avait laissées et se réjouit de voir qu'il s'était arrêté plusieurs fois. Évidement qu'avec une telle masse, il ait de la difficulté à se traîner lui-même. Il ralentit la cadence lorsqu'il nota que les traces étaient fraiches et prit un grand soin à ne pas faire de bruit. Il bondissait comme le vent entre les arbres. Même le sifflement était à peine perceptible. Il regardait maintenant plus loin où aboutirait le chemin du cerf et vit un gigantesque ombre. Comme il avançait toujours en silence, il se mit à entendre des mouvements dans la même direction, ce qui semblait être des pas.

*Il doit être derrière ce rocher, il ne peut être que là.*

Il détourna alors l'attention du sol et regarda plus où il se déplaçait. Cela lui permit une plus grande vitesse pour autant de bruit, soit inexistant. On aurait dit qu'il flottait dans les airs, à peine touchait-il un appui qu'il était à nouveau dans les airs en direction d'un autre point d'ancrage. Il avança si vite qu'il dépassa le rocher de quelque peu. Il se dit que la bête serait passé le rocher, mais voilà qu'il ne la voyait pas, ou du moins qu'elle n'était pas où il pensait qu'elle serait. Il y eut un déclique dans sa tête et il se retourna vers le prétendu "rocher". Ses yeux s'ouvrirent si grand qu'on aurait pu dire qu'il n'avait plus de paupières.

Il n'aurait jamais pensé à aussi gros que ça, c'était presque impossible. Le monstre faisait peut-être le double de ce qu'il avait évalué. Elle n'avait aucun coin sur son pelage, tout était arrondi par le gras et les muscles. Une telle bête pourrait déraciner un arbre si elle le voulait, mais heureusement pour Odrion, elle n'avait pas cette idée. Elle avançait tellement lentement qu'il l'avait confondu pour un rocher, malgré sa vue surparfaite. Ses méninges fonctionnaient à une telle vitesse qu'il avait mal à la tête. Le temps passait si vite, il ne devait perdre aucune seconde. Alors il pensait, en examinant la créature, à lui trouver un point faible. Il pensait aussi qu'il devait être rusé s'il voulait l'abattre. Il ne possédait qu'une simple arme, une lance qui pouvait quand même transpercer une bonne couche de chair, mais probablement pas assez pour mettre l'animal à terre. Ce devait être rapide et efficace, car il ne résisterait pas à une seule des attaques du cerf géant. Il regarda alors sur le cou de l'animal. À cet endroit seulement, c'était vital et accessible, mais comment s'y rendre sans se faire toucher.

Il pensait si fort mais soudain, dans un buisson derrière le cerf, quelque chose fit bouger le feuillage, mais assez faiblement. Il y avait une autre créature qui guettait la même proie qu'Odrion. Était-ce un animal ou autre chose? Car il faut bien être fou un peu pour s'attaquer à un tel monstre. Une fraction de seconde se passa pendant laquelle Odrion put reconnaître la queue d'un loup, mais bien celle de Aran le polymorphe, il en fut d'autant plus surpris, puis l'autre fraction de seconde, ce dernier bondissait sur la créature qui faisait 12 fois sa taille et sa force en enfonçant crocs et griffes dans la chair du cerf. La seconde suivant, accompagné d'un cri de douleur, le monstre s'était dégagé d'Aran en le lançant dans les airs. Le cerf était furieux et Aran était au sol bougeant à peine. La scène se passait juste en dessous Odrion: Aran d'un côté et la créature de l'autre.

*Mais qu'est-ce qui lui a pris? Il est malade, il va y laisser sa peau.*

Odrion ne savait trop pas quoi faire. Son rival était devant lui et chassait la même proie que lui. Mais voilà le chasser s'est fait chassé, il était par terre et avait de la peine à bouger.

*Il a pensé trop gros pour lui. Franchement!*

Puis, alors même qu'Aran commençait à se relever, la bête s'était rétablie et montait les sabots bien hauts en signe d'offense. C'est lorsqu'Odrion vit qu'elle commençait à foncer sur Aran qu'il n'eut pas le choix d'agir. Il se laissa tomber juste comme le monstrueux animal passait sous sa branche et une fois qu'il toucha son dos, il se propulsa sur le côté de l'animal et se retourna rapidement vers elle. Dans le même mouvement, il agrippa solidement sa lance en essayant le mieux que possible de viser le cou avec précision et il lança avec force. Il eut à peine le temps de voir s'il avait touché la bête. Il la toucha, mais manqua son tir. La lance perça dans le cou, mais en pourtour et non en plein centre. Odrion avait visé trop devant, avait mal évalué ses vitesses. Malgré tout, la lance passa au complet à travers la chair du monstre, si bien que la douleur que cela lui causa le fit dévier. L'animal se retournant dans tous les sens ne savait plus où donner de la tête. Odrion lui retomba dans les fougères de l'endroit.

La colère de la bête faisait trembler la terre. Elle battait des sabots contre les objets avoisinants. Terre, arbustes, arbres, pierres, rien ne résistait à ses coups. Si bien que les animaux aux alentours prirent la fuite d'instinct. Les oiseaux s'envolèrent dans de grands cris. Des objets de toute sorte tombaient ici et là. La forêt toute entière devenait appeurée par le monstre enragé. L'animal beuglait fort et son cri portait loin. Mais il semblait que son cri était répétif. Comme... si... Comme s'il communiquait quelque chose à travers la forêt. Mais l'attention d'Odrion n'était pas là.

Lorsque la bête finit de rugir dans tous les sens et qu'elle regarda où avait attéri Odrion, elle ne le vit pas, elle le chercha du regard. En fait, Odrion, dès qu'il avait mis pied fermement au sol, après quelques tonneaux, n'était pas resté là, il se devait de ne pas rester là. Il était resté couché au sol, mais avait rampé dans la petite végétation pour changer de place, ne pas être repérable. La bête recommença alors à beugler avec force. C'est pendant ce temps qu'à travers le mince feuillage, Odrion put apercevoir la blessure qu'il avait fait à l'animal. Partout sous la plaie, le pelage du cerf était foncé, mouillé et reluisant. Il en avait presque jusqu'au genoux. Le coulis accompagnait bien les quelques petits plaies qu'avait fait Aran par ses morsures et griffures.

Odrion était très agile, discrait et rusé. Il ne reculait pas même devant la grosseur de la bête, car il savait ses propres forces et il connaissait les faiblesses du cerf. Le jeu n'était pas compliqué, mais il n'y avait pas de place à l'échec: Il devait faire des touches sans être touché. Mais pour toucher la bête, Odrion devait trouver sa lance. Il entreprit donc de ramper pour faire le tour de la bête pendant qu'elle criait toujours. Il ne savait pas où avait pu aboutir sa lance avec la force qu'il l'avait projetée.

Une fois passé de l'autre côté de l'animal, il n'eut pas le choix de continuer à la course, car Aran ne semblait toujours pas avoir retrouvé la capacité de se relever et le cerf ne tarderait pas à calmer sa fureur et charger à nouveau sur Aran. Donc, s'il ne trouvait pas tout de suite sa lance et ne détrounait pas l'attention du quadrupède, il n'aurait bientôt plus d'adversaire ou de partenaire de chasse. Malheureusement pour Odrion, il n'avait pas prévu se faire repérer par la gigantesque créature alors qu'il se mettait en course. C'est lorsqu'il tourna la tête vers elle qu'il la vit déjà en course sur lui la tête penchée. Il se mit alors à courir de toutes jambes, mais c'était évidant qu'il ne courait pas assez vite pour la bête donc les cuisses étaient de la grosseur de son corps. Il apperçut sa lance planté dans le sol à une vingtaine de mètres devant lui. Il n'avait pas le temps de la rejoindre avant qu'elle ne le rejoigne. Alors, il alla en zigzagant entre les arbres, mais voyant que cette technique comportait encore des risques d'être touché, il se mit aussi à sauter de haut en bas dans les arbres. Il bondissait dans tout les sens, son agilité était mise à l'épreuve, car il devait presque connaître les prises, les branches, les arbres, la forêt quoi s'il ne voulait pas manquer un mouvement. Il ne regardait qu'à peine où il se posait car il devait déjà savoir où était le prochain endroit précis où il se poserait, la force qu'il devait appliquer pour s'y rendre et ce qu'il devait éviter de faire.

Ainsi, il réussit à désorienter son poursuivant assez pour parcourir la distance qui le séparait de sa lance. Il s'élança pour la saisir et roula sur le sol lorsqu'il l'eut dans les mains. Il se releva aussitôt vers l'énorme animal pour lui faire face, pour être prêt à son assaut. Mais une fois de plus, Odrion ne comprit pas l'animal : La bête s'était arrêtée sur son parcour mais le fixait toujours. Elle était à peine plus loin que la dernière fois qu'Odrion l'avait apperçu. D'après ce qu'il avait déduit, c'était environ le temps qu'elle ralentisse jusqu'à l'arrêt. Les deux êtres se faisaient face avec une respiration forte. Odrion regardait le cerf et trouvait maintenant que la bête n'était pas si bête. Mais comment, comment pouvait-elle savoir qu'une fois qu'il possédait son arme, cela voulait dire qu'il allait se défendre? Odrion regardait l'animal avec un intense étonnement. Il se cramponnait à sa lance solidement et ne comptait pas la perdre à nouveau.

[J'ai édité et rajouté 2 paragraphes!]
[2e édition : + 3 paragraphes!!]
[ :cyclops: 110 lignes :P, je suis fier, mais si d'ici trois jours j'ai rien vu, ben jvais essayer de poursuivre]

[Désolé de ce double post, mais ça dépassait la longueur limite ^^'']

*Mais serait-ce possible que...*

Il se possait des tonnes de questions sur l'animal. Après tout, il ne connaissait pas tant que ça le cerf qu'il avait poursuivi. Il l'avait prit comme une proie colossal mais aussi normal qu'un autre animal. Mais ce que lui révélaient les événements étaient que le colosse avait des capacités mentales. Ce qui compliquait la tâche. Déjà que le cerf était géant, s'il fallait qu'il ne soit pas stupide. Odrion devrait se donner plus qu'il ne le pensait dans la chasse de cette créature. Mais Odrion ressentait quelque chose d'autre. Comme si ce qui l'étonnait à l'instant n'était pas tout et il n'aimait vraiment pas ça. Il déteste être tenu ignorant de détails importants et déteste les mauvaises surprises.

Odrion se demandait aussi comment il allait faire maintenant s'il voulait pouvoir vaincre l'animal si ce dernier le voyait venir. C'était un coup de marteau sur ses plans de ruses, car il ne pouvait plus passer inapperçu. Il sentait son coeur partourir sa poitrine alors que dans sa tête passaient des scénarios possibles qui menaient chacun à l'échec. Tous sauf un qui n'était pas le meilleur, mais le moins pire d'entre eux. Il allait devoir jouer sur la rapidité pour déjouer l'oeil de la bête. C'était le seul moyen de s'approcher avec le moins de risque.

Comme Odrion sentait l'atmosphère s'alourdir, il devait se presser car le temps passait et il sentait son ressentiment s'agrandir avec le temps. Il fut alors celui qui brisa le face à face. D'abord, il s'accroupit tranquillement en gardant son regard dans les yeux de son opposant. Puis, d'un seul et puissant saut, il bondit au dessus de lui dans les arbres. Au même moment, monsieur colosse frappa d'un coup de sabot sur le sol. Le combat était engagé.

Cette fois-ci par contre, Odrion utilisait bien plus que son agilité, mais aussi sa rapidité. Il usait plutôt de son instinct, instinct de flèche qui coupe le vent pour foncer sur sa cible. On ne voyait qu'à peine son ombre lorsqu'il se déplaçait de branche en branche, de branche au sol, du sol à une branche ou de sol en autre sol. Mais ses mouvements à lui était bien précis. Il bondissait de toutes parts en faisant plusieurs fois le tour de l'animal tout en sachant qu' le cerf ne le lâcherait pas des yeux et effectivement, l'animal, en même temps qu'il beuglait et remuait, suivait de la tête les déplacement que l'elf faisait, mais pas ces actions. En fait, Odrion en faisait bien plus que le cerf en voyait. Il se ramassait des pierres en guise de munitions, il confectionnait des pièges quelconque autour du monstre, apprenait par choeur le lieu qu'il occupait, etc. Il revint souvent au même endroit, mais à des temps différents, c'était pour ne pas être vu trop longtemps à la même place et que l'énorme cerf n'aille l'idée de faire quoi que ce soit pour l'instant. Il voyagea ainsi comme une ombre pendant au moins quelques minutes.

Puis, tout d'un coup, il apparut clairement accroché à un arbre d'où il descendit lentement et prudemment. Il se trouvait toujours dans la même direction du voisin de l'orignal, mais était beaucoup plus proche. Il n'avait plus son bâton à la main. Il l'avait laissé quelque part dans les arbres ou sur le sol pour plus de facilité de mouvement. Le seul signe qu'il présentait qu'il était toujours en combat était la pierre qu'il tenait dans la main qu'il faisait rouler. À première vue, c'était plutôt idiot d'échanger une lance pour un caillou, mais Odrion savait ce qu'il faisait.

Il regarda le cerf se facher davantage de le voir si calme. Odrion comprit encore une certaine intelligence chez l'autre être. Alors là et là seulement, Odrion monta la tête haute en signe de supériorité. Il savait que d'instinct, les animaux n'aiment pas être inférieurs. Son idée fonctionna, le cerf ouvrit alors grand les yeux, visiblement offusqué et se mit à respirer très fort. Odrion arrivait à voir des débris sortir de ses narines et de la salive couler sur ses babines. L'animal enragé frappait des sabots sur le sol comme pour faire peur à Odrion, mais celui-ci garda sa posture digne et fier. Alors le monstre leva les pattes haut dans les airs, donnant des coups dans le vide puis s'élança tout droit vers Odrion. Pour lui, tout ce passait comme prévu.

La bête en fureur courrait vers lui en brandissant sa tête comme un boulet de canon. Un peu tel un rhinocéros, elle fonçait sans porter attention, sens trop penser et sans trop voir. Odrion retourna dans sa main une pierre aussi grosse qu'elle. C'était chose aisée que de la lancer, mais il devait être précis. Rapidementet avec force, il projeta la roche directement entre les deux yeux de l'animal. Le choque terrible fit perdre ses moyens au cerf en lui faisant baisser de la tête, visiblement incapable d'arrêter sa course. C'était à ce moment qu'Odrion bougea. Il sauta sur la plus proche branche et traversa l'endroit pour être de l'autre côté de la bête, puis regagna le sol. La bête, elle, n'avait pas pu s'arrêter, elle avait continuer sur quelques mètres puis s'était mise à chercher Odrion. Mais ce dernier était en fait en train de lever deux pierres deux fois plus grosse que celle de tantôt. Il prit son élan et en lança une de toute sa force vers le géant cerf. Une fois de plus, en plein dans le mille derrière le genoux de la patte arrière de l'animal. Celui-ci poussa un cri, mais ce cri n'empêcha pas qu'il perdit l'équilibre et tomba à moitié assis à moitié sur le côté. Pendant que la créature se gégnait de douleur et d'orgueil blessé, Odrion avait lancé la seconde pierre bien au dessus du cerf. La roche semblant se perdre dans le feuillage de la forêt jusqu'à ce que retentisse simultanément un "TOC" et un "CROOOOCK". Odrion avait remarqué une énorme branche comportant une faiblesse lorsqu'il apprenait à connaître l'endroit. Au début de la descente de cette vieille branche, Odrion ne fit qu'entendre ce qu'elle bougeait sur son passage, puis une fraction de seconde avant qu'elle arrive au sol, il la vit apparaître. Un vrai tronc d'arbre tomba de travers sur le cou du monstre. Un gémissement accompagna le choque à perfection aux oreilles d'Odrion. Il aurait préféré qu'elle tombe sur son museau, mais cette touche mit la bête au sol comme jamais il ne se serait pensé être capable de le faire. Elle n'avait qu'une seule patte encore droite sur le sol et fébrile.

Odrion regardait son beau travail. L'animal qui était effrayant quelques moments auparavant faisait à ce moment presque pitié. Il tremblait à ne plus en finir et beuglait comme un défoncé. Il gisait au sol, mais tentait en vain de se relever. Odrion se mit à nouveau à écouter ses plaintes qui étaient toujours répétitives et semblaient augmenter de plus en plus alarmantes. Odrion tentat d'y comprendre quelque chose, mais rien n'était clair pour lui puisque rien d'autre n'arrivait dans les environs que ce qu'eux-mêmes faisaient.

À travers les piteux cris de l'animal, Odrion pensa:

*Mais que peut-il bien faire?* à l'adresse de Aran qui n'était pas rapparu depuis un bon moment
*Et s'il lui était arrivé autre chose. Bien que je ne devrais pas avoir à l'aider en quoi que ce soit, ça ne veut pas dire que je dois le laisser mourir pour n'importe quoi. De toute façon la glace est déjà brisée, sans moi, il n'aurait fait qu'un avec l'arbre.*

Pendant qu'il réfléchissait, il porta moins d'attention aux éléments extérieurs. Son oreille surveillait les mouvements de l'animal gisant au sol à quelques mètres de lui, mais il avait négligé le reste. Il n'avait pas tout de suite senti ces légers tremblements que la terre portait. Ces derniers qui s'accentuaient sans encore qu'Odrion ne les ressente. Ce ne fut qu'au bout de bonnes secousses qu'il se rendit compte que quelque chose ne tournait pas rond. Quelque chose faisait trembler la terre de plus en plus fort. Odrion eut un regard interrogatif sur la bête au sol devant lui, mais nia qu'une telle créature pouvait avoir un tel pouvoir. Alors il regarda aux alentours et après un certain temps, il se mit à entendre un son sourd, grave et discontinu résonnant dans l'air. Au début, il ne put pas déterminer de quelle direction cela venait. L'obscurité allait venir très bientôt et laissait dans la forêt une pénombre profonde, alors ses yeux n'étaient que peu utiles. Le bruit grave devint lentement plus clair et distinct. Odrion ne remarqua pas par contre qu'il était répétitif comme les cris du cerf à ses côtés. Il réussit à trouver de quelle direction venait le bruit, mais c'était quand même vague. Il scruta le moindre détail suspect, mais n'arriva pas à résoudre son mistère. Puis soudainement, il vit des dàpetites branches apparaîtrs de nulle part dans l'ombre. Des formes étranges de bois apparurent ensuite. Odrion crut à une hallucination, puis lorsqu'il fut capable de reconnaître un long museau, il ouvrit tout grand les yeux. Il se dit alors qu'hallucination pas hallucination, il ne devait pas rester où il était. Il bondit alors sur une branche surplombant les environs.

Il avait peine à se cramponner à la branche sur laquelle il était à cause des tremblements de la terre. Il continua d'observer dans la direction de l'intru qui arrivait. Odrion reconnut bientôt les mêmes formes immenses qui faisaient ressembler le cerf étendu au sol à un rocher. Mais dans ce nouveau venu, c'était pire encore. Sans compter que les bois qu'il possédait étaient invraisemblablement imposants. Odrion regardait la créature monstreuse s'approcher à grandes enjambées et regrettait maintenant de ne pouvoir rien faire. Le nouvel arrivant était encore plus colosse que l'autre créature.

Le cerf qui venait d'arriver s'approcha du cerf au sol. À eux deux, ils occupaient autant d'espace qu'une petit habitation. Ils restèrent la près l'un de l'autre un bon moment à gémir à tour de rôle, comme s'ils discutaient. Odrion trouvait une fois de plus ce comportement très étrange. Puis, le nouveau cerf aida celui au sol à se relever. Une fois sur ses quatres pattes, le moins gros des deux se mit à se plaindre rapidement. Sa voix semblait paniqué et précipité.

Puis, d'un coup, le plus gros des deux, se tourna la tête directement où était caché Odrion. Il eut un sursaut, il ne s'attendait pas à ça. L'animal se mit à respirer très fort en signe d'afront et commença à frapper des sabots sur le sol. Les nerfs d'Odrion commençèrent à se crisper. Il n'y avait plus lieu maintenant de combattre qui que ce soit. Odrion ne pouvait faire face à deux de ces bêtes atroces. C'était hors de ses capacités. Il n'eut donc pas le choix de faire retraite. Mais au début il n'eut pas trop le temps de penser alors l'animal furieux au sol fonçait déjà sur l'arbre qu'Odrion logeait. L'elf devait bouger s'il ne voulait pas perdre sa peau s'il venait à tomber au sol. Il bondit sur les branches les plus proche pour s'enfuir, mais lorsque le cerf fonça dans l'arbre, toutes les branches bougèrent et Odrion manqua sa branche. Heureusement pour lui, il réussit à se rétablir avec une autre branche. Il s'empressa de changer d'arbre pour ne pas perdre pied à nouveau. Une fois cela fait, il parcourut la distance qu'il avait fait de retour vers le premier endroit qu'il avait vu la bête. Odrion devait retrouver Aran et repartir avec lui, car ces lieux étaient trop dangereux pour eux.

Aran était toujours accoté sur le même tronc. Premièrement, il avait retrouvé sa forme régulière et puis, il était inconscient. Odrion eut un soupir de découragement.

*Bon, maintenant va falloir que je le traîne!*

Il bondit au raz-le-sol et s'avança vers Aran visiblement blessé. Il s'accroupit rapidement vers lui et le monta sur ses épaules. L'homme faisait un bon poid et Odrion eut un peu de difficulté de le manipuler, mais une fois bien placé, Odrion arriva à se mettre en course à bonne vitesse. Il sentait les pas lourds des deux monstres qui s'approchaient vers eux mais encore à bonne distance. Il courait tous deux plus vite qu'Odrion lui-même ne courait. Alors il dut changer de direction. Il piqua le plus vite qu'il put vers la rivière. Il entendait les hurlements des bêtes derrière lui qui ne s'approchaient plus maintenant. Il continua ainsi en longeant le petit ruisseau. Il regagna le feu qui n'était plus qu'un petit brasier. Il y étala Aran toujours ailleurs et entreprit de regarnir le feu.

[premier édit: de "la bête en fureur" à "surplombant les environs".]
[deuxième édit: de "Il avait peine" à la fin. Aran, je n'avais pas le choix d'agir ainsi. premièrement, tu ne postais pas, et deuxièmement, on doit tous les deux se rendre à la même place. Alors j'ai figuré quelque chose.]
[Houlala :cyclops: :cyclops: 108 lignes!!!! :twisted: ]

Aran avait l'impression de faire un mauvais rêve. Il se rappelait vaguement d'avoir fait un tour dans les airs, avant de s'écraser durement contre le sol. Il voyait encore un immense monstre se préparer à lui foncer dessus, puis plus rien. Blackout total.

Il essayait maintenant de réouvrir les yeux, mais ce simple geste lui arracha une grimace de douleur. Il avait mal à la tête, aux côtes et au bras droit. Le choc avait été terriblement brutal. Aran essaya à nouveau d'ouvrir les yeux et cette fois-ci, la lumière les pénétra. Il vit Odrion près du feu et reconnu leur petit campement qu'ils avaient quitté au matin.

"Ghrah... Qu'est-ce qu s'est passé... J'ai l'impression qu'on m'a marché sur le corps...."

La lumière du jour était tombée maintenant et seul le feu éclairait les environs. Odrion était assis les bras sur ses genoux et regardait le feu bouger en l'écoutant crépiter. C'était les seuls bruits qui résonnaient à des milles à la ronde. Il ouvrait l'oreille, mais rien n'était inquiétant.

C'est alors qu'Odrion entendit des mouvements dans le feuillage à côté de lui. Finalement, Aran revenait à lui même. L'individu semblait avoir de la peine à bouger. Odrion se décida à aller chercher le bolle dans le feu. Il se leva et s'approcha avec précaution du feu. Dans un geste rapide, il le retira de la braise et l'éloigna un peu. Le bolle fumait à présent et comportait plusieurs couleurs. Les fruits s'étaient complètement dégradés, les racines et les feuilles étaient minces et flasques et flottaient à la surface.

"Il faut dire que ça a passé vraiment proche."

Odrion prit un petit baton sur le sol et brassa le mélange. Le mélange prit alors une couleur très sombre et devint très épais. Puis pour terminer, il retira tous les débris qui pouvaient flotter dans la recette. Il parlait en même temps de tout ça.

"Si je n'étais pas arrivé, Tu ne serais probablement plus de ce monde. D'ailleurs, t'en souviens-tu? Tu étais si mal en point que je n'ai pu laisser ce monstre te piétiner. Mais c'était quoi cette idée de t'attaquer à une bête pareil de ce manière. Tu n'avais aucune chance de la manière dont tu t'y es pris. J'ai bien tenté de la vaincre, j'étais si prêt d'y arriver, mais un autre est arrivé, encore plus colosse et féroce. Ils ont tous les deux foncer partout où je pouvais être. J'ai couru si vite pour venir te chercher et une chance que tu avais repris ta forme normale parce que je n'aurais jamais pu te trainer."

Odrion voyait bien qu'Aran avait vraiment besoin de se ravigorer. Mais, il était sur la bonne voie. Il se dit donc que c'était le temps pour lui de boire. Il s'étira un peu et attrapa quelques grandes feuilles épaisses qu'il avait ramené de ses fouilles. Il entoura le bolle de celles-ci et s'avança vers l'être toujours étandu. Il prit le bolle d'une main et glissa son autre main derrière le dos d'Aran pour l'aider à se redresser. Il était toujours aussi pesant, mais cette fois-ci, l'aide de la conscience fut apprécié. Il approcha le bolle comme un verre en disant:

"Tiens, bois ça. Ne t'occupe pas du goût, ça va te redonner les forces nécessaires. C'est une potion elfique."

Au même moment qu'il remarqua une déchirure sur la manche droite qui ouvrait sur une plaie longue comme un doigt. Ses deux mains étaient toujours occupées, l'une tenait le bolle devant Aran à attendre que celui-ci le boive et l'autre soutenait Aran lui-même.

"Ho là! Tu ne t'es pas manqué! Ça ne m'a pas l'air grave, mais il serait bien de le soigner avant de partir."

En voyant qu'Aran semblait encore un peu confus, Odrion mit le bolle dans ses mains et tranquillement apporta ses mains à sa bouche. Pour voir si Aran était capable de se tenir, Odrion relacha très lentement ses efforts pour le soutenir et pour le faire boire. Bien qu'il sembla un peu mou, le polymorphe ne s'effondra pas. Odrion put prendre de la distance et aller chercher le nécessaire pour les soins de la blessure de Aran.

Il sortit son petit couteau et s'approcha d'un petit arbre non loin du feu. Il commença à y couper et à y faire des entailles avec son couteau. Il réussit à y faire de si bonnes entailles que le coupant de sa lame fut recouvert de la sève du végétal. Cette sève épaisse qu'il prit soin de bien étendre.

"Continue de boire." eut-il dit pendant ce temps.

Il revint alors vers Aran en tenant le couteau à mi-hauteur. Il fit le tour de celui-ci pour se placer du côté du bras blessé. Il dégagea le tissu de la plaie et approcha le couteau.

"Le sang de cette plante va soigner votre plaie sans laisser de cicatrice, mais tu risque de sentir des picottements pendant un bon moment, le temps que ça soigne. Tu me remercieras après."
[un peu comme l'aloes]

Doucement, il mit en contact la peau du bras d'Aran avec la lame du petit couteau et dans un lent mouvement de va et vient de gauche à droite, il badigeonna l'épais liquide sur la plaie. Une fois cela fait, il essuya le restant sur le pan de sa chemise. Il s'assit et au passage, ramassa une buche qu'il envoya au feu. En se laissant tomber sur le dos, il put observer la montée d'étincelle.

[Ajouts sur ma présentation: Nom: premier(au lieu de premium) ; allongement de mon histoire. Tout ajout est en gras]

Les traitements d'Odrion était impeccable. Douloureux, mais terriblement efficace. Dans un élan de grimace mauvaise, Aran remercia Odrion d'un bref signe de la tête lorsque ce dernier eut terminé avec l'onguent. Aran se rassit tranquillement, le faisant à nouveau grimacer, mais cette fois de douleur. Aran avait les côtes sensibles, mais il ne pensait pas qu'il en ait de cassées. Le sol était raide et froid dans cette nuit tranquille. Afin de se réchauffer quelque peu, Aran reprit du mauvais breuvage qu'Odrion lui avait fait. Le goût était presque insupportable, mais la chaleur et l'apaisement qu'il procurait valait totalement la peine.

"Tu sais Odrion... Depuis qu'on s'est rencontré ici, nous avons agi tous les deux comme deux rivaux essayant de posséder, en quelques sortes, le territoire de l'autre. Mais lorsque je me suis retrouvé en mauvaise posture, tu es venu, tu as risqué ta vie et tu m'as sauvé. Tu ne m'avais rien demandé et tu ne l'as pas fait non plus par la suite. Je voulais te remercier et si tu le voulais bien, accepté mon amitié sincère envers toi, ainsi que mon respect. Je te ferai désormais totalement confiance et j'espère bien un jour, pouvoir t'inviter dans mon royaume à venir, où l'on pourra fêter toute une soirée en ton honneur, afin de souligner l'histoire de celui qui court plus vite dans les arbres que les gros cerfs."

Aran acquiesa de la tête deux fois, en repensant aux paroles qu'il venait de prononcer. Finalement, il n'était pas tombé en de si mauvaise compagnie...

[Voilà, j'ai finalement posté. J'espère que je ne t'aurai pas rendu trop impatient :P]

Aussitôt qu'Aran eut commencé à parler, Odrion fut surpris, car dans sa voie, il n'y avait plus de trace de rivalité. À part un peu de gratitude et des remerciements, voire peut-être quelques louanges, il ne s'attendait pas à autant. Mais il garda son étonnement pour lui, à l'intérieur. Il écouta le discours du polymorphe et trouva que son langage était bien pensée. Il apprit un peu à le connaître par son discours. En fait ce qui disparut plutôt de sa tête, c'était qu'Aran jouait un jeu pour mieux l'escroquier, qu'Aran était un bandit. Il commençait à le croire et avoir beaucoup d'estime pour lui, même s'il avait voulu s'attaquer à une proie qui aurait pu être son chasseur.

À première vue, il n'aurait pas pensé que ces actes étaient héroïques, ils étaient plutôt naturels. Mais il pensa qu'il aurait tout aussi bien pu le laisser là, en danger de piétinage. Il comprit alors que leur amitié serait une bonne chose et que s'il était sincère, il pouvait être sincère à son tour. Alors, il réteurqua:

-Tes mots sont sincères, je le sens. C'est pourquoi j'accepte ton amitié et te traiterai dorénavant comme un allié. En effet, je n'ai jamais voulu être hostile envers toi, ce n'était que de la méfiance. Je n'avais jamais rencontré d'autres êtres capables de penser comme moi. Suis-je aussi le premier? Quoi qu'il en soit, je serais bien ravis d'en apprendre sur vos cultures.

Odrion était toujours étendu au sol. Ses yeux brillaient par le reflet du feu et des quelques étoiles dont la lumière réussissait à traverser la forêt. La nuit était vide et froide, mais tranquille et paisible. Odrion laissa passer un long soupir, mais s'exclama bientôt :

-Et puis quoi? On pourrait se partir une tradition... une sorte de fête. Qu'à tous les ans, des chasseurs sont recrutés de mon côté comme du tien et qu'une chasse soit lancée. Ça servirait de souvenir pour cette soirée. Et pourquoi pas appeler ça la nuit des chasseurs?

Odrion trouvait bonne son idée et se demandait l'avis d'Aran. Alors il se redressa en position assise pour voir Aran.

Aran ne put s'empêcher de sourire.

"Très bien, je suis d'accord. Ainsi, dans les années à venir, toutes les tensions qui auront lieux entre nos deux peuples pourront être dissipées dans cette merveilleuse chasse. Que penses-tu de 'Maître chasseur' pour le grand gagnant? Et à chaque année paire, la chasse aura lieu dans ton territoire et à toutes les années impaires, dans le mien. Qu'en dis-tu?"

L'idée du tournoi et des festivités qui accompagneront la chasse faisaient un peu rêvé Aran. Cependant le sommeil commençait à nouveau à se faire sentir et les événements de la soirée le rattrapa.

"Je crois que je vais essayer de m'endormir. La journée fut éprouvante et je sens qu'une dure journée nous attend demain."

"J'en dis qu'effectivement que c'est une bonne idée, mais aussi c'en est bien assez pour cette journée. Nous ferions bien de nous reposer, je sens aussi qu'un grande journée nous attend demain. Quelque chose dans l'aire me dit que ce ne sera pas comme depuis le début, qu'en fait nous avons rien commencer. Mais je ne peux dire pourquoi cela. J'en ai seulement le sentiment."

Des idées vagues parcouraient son esprit, des images non claires apparaîssaient sans qu'il ne puisse faire quelconque lien. Mais l'idée que lui et Aran venait de lancer l'enchantait. Les gens des siens apprécieraient sans doute, mais il faudrait tout de même les convaincre. De la même manière que lui-même avait pu être méfiant face à Aran, les elfes le seront face aux polymorphes. C'est inévitable. Et puis, de tout façon, il faut toujours un peu de méfiance pour être compétiteur, sans quoi c'est ennuyant.

*On ne doit pas être des peuples unis, mais de se connaître n'est pas une mauvaise chose, au contraire, c'est avantageux.*

Odrion s'étira alors pour prendre quelques buches et les envoyer au feu, produisant du même coup une montée de tisons illuminant les alentours. Décrochant son petit sac, il le plaça derrière sa tête.

"Oui, aussi bien dormir. Demain, tu seras dans tes meilleurs états grâce à ma potion, tu verras!"

Tranquillement il ferma les yeux. Son coeur était calme à entendre les crépitements du feu. La chaleur du feu compensait à la froideur du sol. Seul l'inquiétude du lendemain le préoccupait. Il se rassura par contre en se disant qu'il ne pourrait rien se passer de si grave puisqu'il était avec Aran et que si quoi que ce soit arrivait, l'un d'eux se réveillerait, donc il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.